La Place Rouge à Moscou : les plus belles femmes russes

Rouge et belle, comme les filles de Moscou

La Place Rouge est avec le Kremlin un des deux sites les plus célèbres de Moscou, quant au qualificatif de rouge il n’a rien à voir avec la couleur du drapeau soviétique.

C’est au XVIIimc siècle qu'on donne son nom actuel à la plus célèbre place de Moscou. A cette époque, en russe, l’adjectif krasnaïa a deux signifi­cations rouge et beau ! La “place rouge" est donc la “belle place”. Avant elle s’appelait la place du marché, puis la place de la trinité.

Vaste à s’y méprendre, comme un aérodrome, elle a toujours été la place principale de la ville, entre les deux grands quartiers de Moscou : le Kremlin centre du pouvoir et Kitaï-Gorod, centre du commerce.

La place a été de toutes les joies aux grandes heures de la Russie. On y a célébré toutes les victoires, sur les Mongols, sur les usurpateurs Polonais et sur l’Allemagne d’Hitler.

Mais elle fut aussi le théâtre de violents combats en 1905 et 1917 entre forces tsaristes et forces révolutionnaires.

C’est sur cette place que le régime soviétique glorifiait ses réussites dans des défilés interminables, cousu-main, et organisés dans les moindres détails. La jeunesse embrigadée marchait au pas devant des vieillards malades qui tentaient de se donner belle allure, juchés sur le mausolée de Lénine.

Les files d’attentes pour rendre hommage à la momie étaient de longueur "soviétique” et le pèlerinage obligatoire. Le mausolée ne fait plus recette, mais la momie est toujours là.

On va la déménager demain, c’est promis. Mais tout le monde s’en moque !

Le magasin Goum à Moscou en Russie

Le magasin Goum pour séduire votre fiancée russe

Le Moscovite préfère l’immense magasin Goum, en face du mausolée. Deux kilomètres et demi de galeries marchandes sur trois étages, un véritable monument.

Il fut longtemps le plus grand magasin d’Europe, et plus longtemps encore, le plus vide !

Aujourd’hui revisité par l’économie de marché, il déborde de marchandises et d’enseignes étrangères et internationales en tout genre, pour le plus grand bonheur des russes devenus consommateurs ! Au Goum aussi les files d'attentes ont disparues. Les touristes, eux, préfèrent l’exubérante cathédrale de Basile-le-Bienheureux, dans le bas de la place, vers la Moskova.

L’église de Saint Basile : une place de recueillement pour le premier baiser ?

Commémorative de la victoire de Kazan sur les Mongols, et édifiée sous Ivan IV le Terrible en 1552, délire de formes, de volumes et de couleurs, c'est l'église la plus célèbre du monde et un des grands symboles de Moscou.

"L'effet que produit l’église de Saint-Basile est prodigieux. Figurez-vous une agglomération de petites tourelles inégales, composant ensemble un buisson, un bouquet de fleurs: ou plutôt une espèce de fruit irrégulier, tout hérissé d'excroissances, un melon cantaloup à côtes brodées, ou mieux encore une cristal Usa lion de mille couleurs, dont le poli métallique a des reflets comme le verre de Bohême ou de Venise, comme la faïence de Delft la plus bariolée, comme l’émail de la Chine le mieux verni."

Custine 1839

Un avis très partagé :

"Il semble que l’architecte a voulu défier l 'art, en disant je ferai quelque chose qui sera contraire aux règles de l’école, comme à celles du bon goût et même du bon sens ; mon plan sera de n en avoir pas : dès qu’une partie de l’édifice aura l’air de prendre un effet raisonnable, je trouverai le moyen de le faire tourner au burlesque : enfin, je veux une chose qui excite la surprise de tous, mais qui ne soit imitée par personne."

Jacques Boucher de Perthe 1856

L'architecte ne fit qu'exécuter le plan du tsar, et quand tout fut terminé, Ivan-le-Terrible était si enchanté qu'il embrassa l'artiste avant de lui faire crever les yeux, de peur qu'il ne construise ailleurs un semblable chef-d'œuvre !

Moscou aujourd’hui

Si vous êtes venu à Moscou avant 1995, vous ne reconnaîtrez plus le Moscou d’aujourd’hui. C’est une autre ville, une autre vie. Sous l’impulsion de son maire, Moscou s'est transfigurée pour devenir une des dix plus belles capitales du monde. Les chantiers de rénovations ne cessent de s’ouvrir dans tous les quartiers. Les palais et les demeures de l'ancien régime retrouvent leurs couleurs, des immeubles de verre et d’acier se dressent à chaque coin de rue, et les hôtels les plus luxueux d'Europe ne désemplissent pas.

La ville de Moscou de nos jours

La ville rendue aux Moscovites

Confisquée par le pouvoir soviétique pendant soixante-dix ans, Moscou a été rendue aux Moscovites. La ville revit ! L’animation sur la place rouge, sur la place Pouchkine, et dans les nombreux espaces piétonniers, même tard le soir est étonnante ! Partout des cafés avec terrasses, des restaurants des magasins illuminés et achalandés, et une population joyeuse et colorée, souvent très jeune, et qui déguste en flânant tous ces nouveaux plaisirs.

Pouvoir se retrouver dans des endroits sympathiques, côtoyer tous ces étrangers qui ont envahis Moscou, aujourd'hui la plus “branchée" des capitales européennes ! Vous serez souvent accostés par des Moscovites francophones, qui vous parleront de leur dernier séjour à Paris... en cherchant une adresse pour leur prochain voyage ! Le citoyen russe voyage désormais librement et massivement, en bus, en stop, en train ou en voiture. L'Europe est à portée de bien des bourses, et Moscou est plus proche de Paris que de Vladivostok!

Une autre grande invasion est celle de l’automobile. Après trois générations d'automobilistes frustrés, Moscou est devenue la capitale mondiale de l’embou­teillage urbain ! Tous les axes routiers convergent vers le centre-ville, qui est totalement saturé et asphyxié six jours sur sept ! Heureusement le dimanche tous les moscovites filent à la datcha, la maison de campagne... pour respirer un peu d'air pur !


La rue Arbat

Pourtant aujourd’hui les piétons ont aussi leurs espaces. Un phénomène né en 1985, à l’époque de Mikhaël Gorbatchev, avec l’aménagement de la rue Arbat, qui fut la première rue piétonne de Moscou. Arbat. mot d'origine perse, a été le nom d'un quartier très animé proche du Kremlin et défiguré par les immeubles “soviétiques" dans les années soixante.

Pourtant un petit coin de ce quartier a été préservé, sous la pression des habitants, attachés à leur rue et à son histoire : c’est le vieil Arbat, qu'il ne faut pas confondre avec la Novy-Arbat, anciennement rue Kalinine, qui est juste à côté. Les superbes immeubles du XIXème siècle ont été restaurés avec un soin particulier, et la rue aménagée pour le piéton est devenu un endroit à la mode, agréable et convivial, envahi de russes et d’étrangers.

Une rue chargée d’histoire

On y vient pour se détendre, pour flâner, pour déguster un Big-mac, une pizza italienne ou une brochette de bœuf en dégustant une bière étrangère, pas toujours meilleure qu'une bière russe mais toujours plus chère, et surtout beaucoup plus chic ! L’Arbat et ses ruelles transversales, tant aimées des moscovites, sont aussi chargées d'histoire. Gogol y a vécu ses dernières années, avant de mourir le 12 février 1852. Pouchkine y habita quelques mois, au numéro 53, dans une charmante maison à balcon. Transformée en appartements communautaires au temps des soviets, elle fut superbement restaurée, et abrite désormais un agréable musée consacré au poète. Très peu connu, l'endroit mérite un détour et une visite.

L'ancienne place de l’Arbat, au bout de la rue a bien changée. Dostoïevski et Tchaïkovski qui y habitèrent un temps ne reconnaîtraient sans doute pas l'endroit.

Enfin, pour la petite histoire, il faut savoir que c'est par cette rue que la Grande Armée napoléonienne est entrée dans Moscou alors presque déserte.

L’intérêt de l'Arbat ne se limite pas à ses restaurants et à ses nombreux cafés, c’est le rendez-vous des portraitistes et des peintres, le Montmartre de Moscou, comme on aime à dire ici.

Au milieu des vendeurs de souvenirs, vous découvrirez aussi les vrais antiquaires de Moscou. Le choix est vaste : timbres de collection et cartes postales abordables, argenterie, bibelots, mobilier divers, icônes, et surtout des trésors de peinture russe ancienne. Beaucoup de ces objets, qui ont traversés les siècles et les révolutions, sont mis en dépôt par des particuliers. Mais ne rêvez pas, les prix sont ceux du marché international, c’est à dire américains !

Le complexe du manège

En descendant vers le Kremlin, on arrive aux jardins d’Alexandre et à la place du Manège. C'est là, sous un immense jardin suspendu, que se dissimule le plus grand centre commercial souterrain d’Europe. Construit comme au Canada, hiver oblige, il s’enfonce sur quatre étages, et abrite une centaine de boutiques, souvent luxueuses.

Dans une architecture vieille Russie superbe, balustrades en marbre et escaliers géants, la foule se presse en toutes saisons. Autour du complexe, donnant sur les jardins d’Alexandre, des rivières, des ponts, des promenades, des statues équestres et de nombreuses fontaines rappellent les jardins des palais de jadis. Des dizaines de cafés, de restaurants et de discothèques attirent la foule. Jeunes et moins jeunes se pressent ici, surtout le soir. Vous verrez dans ce coin de la ville les plus belles moscovites, le prototype de la femme russe parfaite.

À deux cents mètres du Mausolée de Lénine, le nouveau Moscou s’affiche. Deux mondes s’y côtoient dans une ambiance chaleureuse : les babouchkas qui vendent leurs fleurs à la jeunesse lusse qui savoure pleinement tous ces changements. Ici rien ne sera plus jamais comme avant.

Mais Moscou n’est pas la Russie, c’est la vitrine. Pour voir cette Russie profonde et cependant en pleine mutation, nous allons prendre le temps et le célèbre transsibérien. C’est encore le meilleur moyen pour mesurer enfin la démesure du pays !

Le manège de Moscou

Moscou, gare de laroslav

"Moscou, la ville de mille et trois clochers et des sept gares... " écrivait Biaise Cendrars en 1912.

Moscou compte aujourd'hui neuf gares, où transitent chaque jour plus de deux millions de voyageurs. Sur la place Komsomolskaïa, une des places les plus animées de Moscou, il y en a trois : la gare de Kazan, la gare de Saint-Pétersbourg et la gare de laroslav. qui est la gare des transsibériens.

Dire que la gare de laroslav est animée est un euphémisme : c’est une cohue incessante, dans une véritable ambiance de caravansérail. On s'y bouscule, car le train est ici un moyen de transport bon marché, avec un réseau très dense.

Les différents transsibériens

Prendre le transsibérien est encore une aventure. Mais attention, un transsibérien peut en cacher un autre ! Ce terme désigne avant tout la voie ferrée qui relie Moscou à Vladivostok. Le seul train qui peut porter le nom de trans­sibérien c’est le “Rossia” (ce qui signifie Russie) qui part de Moscou les jours impairs, pour rejoindre Vladivostok en sept jours et sept nuits. On ne peut pas le rater : il est rouge, bleu et blanc, comme le drapeau Russe ! Par analogie, on appelle aussi “transsibérien” tous les trains qui circulent sur cette voie. Les trains qui vont à Pékin, le transmongol et le transmand- chourien, sont donc appelés “transsibériens". Il y a aussi depuis 1995 un autre transsibérien qui circule quotidiennement entre Irkoutsk et Moscou : c’est le "Baïkal", demi-frère du “Rossia”. Dans le transsibérien, vous avez le choix entre la première et la deuxième classe. On les appelle en russe, les classes “molles” et les classes "dures" qualifiant ainsi le confort de la literie ! Aujourd’hui la différence réside dans le nombre de couchettes : deux ou quatre par compartiment. Dans notre monde actuel voyager en transsibérien à 65 kilomètres-heures de moyenne est presque un luxe ! C'est aussi un rêve d’enfant, à cause de Jules Verne et de Michel Strogoff, ou tout simplement parce que c'est le dernier grand voyage à la recherche du temps perdu.

Un voyage hors du temps

Le train roule à contre-courant du soleil, et les journées n’ont plus que vingt-trois heures. Chaque jour il faut avancer sa montre pour être à l'heure du wagon-restaurant. Ce n’est pas facile, car les horaires des trains et des gares sont en “heures de Moscou”. Le plus simple serait d’avoir une montre avec trois aiguilles comme les horloges de certaines gares : une grande aiguille pour les minutes et deux pour les heures, l’aiguille indiquant celle de Moscou étant bien sûr, de couleur rouge !

Mais vous ne serez jamais perdu ! Dans chaque wagon la provodnitza et le provodniki. en français les stewards, veillent sur vous et sur le samovar du wagon 24 heures par jour, à tour de rôle. Ils vous servent le thé sur demande et peuvent vous réveiller pour le petit déjeuner, ce qui n’est pas inutile. Quand le train s'arrête dans les gares, ils vous informent du nombre de minutes dont vous disposez pour dégourdir vos jambes ou faire quelques emplettes. Mais ils vous surveilleront toujours d'un œil pour que le train ne reparte pas sans vous. Le wagon-restaurant, très kitsch, offre une nourriture de bonne qualité, et le cuisinier fait des miracles avec ce qu’il trouve en chemin.

Les trains russes sont assez bruyants, les arrêts dans les gares aussi, et le sommeil vient difficilement les premiers jours. Mais cela n’a aucune importance, on dort quand on a sommeil et le reste du temps on regarde le paysage. Il y a toujours quelque chose à la fenêtre, un village, une isba, une gare, une ville inconnue ou un fleuve gigantesque.

Le paysage n’est pas aussi monotone qu’on pouvait le craindre, mais toujours démesuré et souvent grandiose : c’est l’immensité qui fascine le voyageur. Petit à petit le temps devient curieusement élastique, l'engourdissement cous gagne et l'imagi­nation galope : vous êtes avec Anna Karénine ! Mais la provodnitza frappe au compartiment pour vous réveiller ! Le “Rossia" arrive déjà à Vladivostok, 9 438 kilomètres avalés d'un trait, ce n'est pas si long.

On quitte le train et notre provodnitza avec regret !

Articles en rapport